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Gabon: Quand le Gabon s'éveillera
Marcelin Vounda Etoa
7 Avril 2011
Dans son blog, Alain Mabanckou affirmait il y a quelques années que la littérature gabonaise n'existait pas, au regard du nombre infime des oeuvres littéraires de ce pays et de leur faible réception critique. En son temps, cette position de l'auteur de Verre cassé suscita un tollé et une cascade de réactions, notamment de Gabonais. Luc Ngowet, critique littéraire gabonais, coupant la poire en deux, affirmait que si la littérature gabonaise n'existe pas, elle est au moins en gestation.
Remontant le cours de l'histoire de cette littérature Ngowet rappelle que les premières expressions de la littérature gabonaise ont eu lieu en 1966, lorsque, à l'occasion du festival des arts nègres, la pièce de Vincent de Paul Nyonda La mort de Guy Kafi fut créée à Dakar.
Après le théâtre, s'en suivirent un recueil de poèmes de Josette Lima et un autre, fait de contes rassemblés par le missionnaire André Raponda Walker dont l'une des premières maisons d'édition du Gabon porte aujourd'hui le nom.
Histoire d'un enfant trouvé, le premier roman gabonais qui ne paye pas de mine malgré sa densité et la qualité de l'écriture de son auteur, Robert Zotoumbat, est quant à lui paru en 1971 aux éditions CLE à Yaoundé. Après ces pionniers, plusieurs jeunes auteurs ont été révélés dont les plus connus sont Maurice Okoumba Nkoghe, Angèle Rawiri et Bessora.
Au demeurant, la littérature gabonaise, si elle existe, est donc très jeune. Premiers à être conscients de l'état de leur littérature, de jeunes universitaires et intellectuels gabonais se sont engagés, depuis une dizaine d'années, à rattraper leur retard.
Ils bénéficient heureusement du soutien des politiques. Une Union des écrivains gabonais existe qui dispose d'un siège et de subventions minimales de fonctionnement.
Cette année, les lauréats des prix littéraires du PDG, le parti au pouvoir à Libreville, ont reçu leurs lots - des récompenses en espèces sonnantes de 5, 3 et 2 millions pour les trois lauréats - des plus hautes autorités de ce pays.
Hallnaut Engouang, l'auteur de Dis, quand me suis-je inhumé ? paru aux éditions Ntsame, grand prix littéraire du PDG 2011 a ainsi reçu son enveloppe des mains mêmes du président Ali Bongo le 12 mars dernier.
Après un salon national du livre organisé l'année dernière, les éditions Ntsame ont, cette année, tenu le pari de l'organisation d'un salon international de la littérature et des arts, à Libreville.
Du 29 mars au 2 avril dernier, des éditeurs camerounais, congolais et gabonais, des auteurs de deux de ces trois pays se sont retrouvés à la Cité de la Démocratie de Libreville. Tables rondes, débats, expositions-ventes ont meublé le premier SILAL qui a drainé plus de deux mille visiteurs.
Grâce au soutien financier de l'Etat gabonais, à l'enthousiasme et au professionnalisme de l'équipe technique dont elle a su s'entourer, la dynamique présidente de l'Union des Ecrivains Gabonais a donc relevé un défi que les «grands» voisins du Gabon, Cameroun et Congo notamment, ne songent même pas encore à affronter.
Le football n'est pas, dans notre pays, le seul domaine où il existe un étonnant décalage entre le rayonnement international de quelques uns de ses fils et la médiocrité des manifestations et des infrastructures endogènes. Personne ne s'étonnera donc que bientôt, Libreville devienne la plus grande place littéraire de l'Afrique centrale.
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